« Faites ceci en mémoire de moi »

                                   ordonné entre le pain et le vin .

Pendant la Cène, le Christ a institué le sacrement de l'ordre en disant : « faites  ceci  en  mémoire de moi »

S.Paul et S.Luc ont-ils commis un anachronisme en rapportant que Jésus a ordonné « faites ceci en mémoire de moi » dès qu’il eût présenté son Corps ? ( « CECI  EST  MON  CORPS; FAITES  CECI  EN  MEMOIRE DE  MOI »)
Il ordonnait la reproduction de ce qu’il venait de faire à l’instant , avec du pain qui était AZYME, sans mélange possible avec les deux coupes restantes.

- Le pain AZYME partagé en famille est une nourriture typiquement juive, consommée une fois par an au cours d’un repas rituel cloisonné par des coupes charnières.

- S.Luc a relaté l’usage d’une certaine coupe en début de soirée, évoquant la première des quatre coupes de la Pâque juive.

- Le « hallel » est mentionné par S.Matthieu et S.Marc.

Cette concordance pascale milite en faveur de l’historicité des récits de S.Paul et de S.Luc et, par conséquent, contre l’hypothèse d’une autonomie de la coupe sacramentelle par rapport à la première coupe dont S.Luc a rapporté le partage.

La coupe de l’Eucharistie était donc initialement la troisième coupe de la Pâque juive, celle que l’on boit APRES LE REPAS proprement dit ( toujours en se penchant vers la gauche), sans variation depuis l’antiquité. ( la cinquième coupe est une coutume facultative instaurée en Europe centrale au XVIIIe siècle)

Dans ces conditions, est-il légitime de traduire, chez S.Luc, non pas : « il fit de même pour la coupe APRES LE REPAS » mais « …pour la coupe A  LA  FIN  DU  REPAS » (traduction liturgique) , comme si l’évangéliste évoquait non pas le repas achevé de la Pâque, mais le repas qui n’était pas achevé, la Cène, en prenant soin de ne pas séparer le pain et le vin, ultérieurement conjoints dans la liturgie sacramentelle ?

Est-il légitime de dissocier « faites ceci en mémoire de moi » de la présentation du corps qui précédait immédiatement, pour sauvegarder l’indivision dogmatique de l’Eucharistie ?

 La présentation du Missel romain a fort mal exposé les gestes et les Paroles de Jésus au cours du repas du jeudi saint :

- Le Christ prit le pain et la coupe, rendit grâce, fit la fraction et les donna à ses disciples en disant : «  Prenez, mangez, buvez; ceci est mon corps; ceci est la coupe de mon sang. Vous ferez cela en mémoire de moi. » -

Commentaire de « Fêtes et Saisons »  :  L’Eglise a distribué toute la célébration de la liturgie eucharistique en séquences qui correspondent à ces paroles et à ces actes du Christ.

En réalité, les séquences de la liturgie romaine ne correspondent pas aux séquences de la Cène, qui dépendaient elles-mêmes des séquences de la Pâque israélite.

Il est évident que les liturgistes ont mal traité ce délicat problème de séquences, et ce depuis très longtemps : surpris de trouver deux coupes, des copistes ont même omis le v.20 et parfois la fin du v.19 dans le récit de la Cène selon S.Luc. ( cf. la note en bas de page dans la Bible de Jérusalem.)

Il apparaît clairement que de mauvais traitements ont été infligés aux récits de S.Paul et de S.Luc, pour se donner raison de pratiquer une liturgie qui, en définitive, n’est pas en adéquation avec l’ordonnance de la première Messe.

Le même cérémonial transparaît dans l’ensemble des récits évangéliques: Azymes, immolation, préparatifs, manger la Pâque ( « la Pâque »  signifie alors l’agneau), première coupe, coupe APRES le repas, chant de clôture (hallel).

Ce qui se trouve chez l’un des auteurs ne doit pas nécessairement se trouver chez les autres pour être révélateur du contexte israélite, et la concision des récits de S.Matthieu et de S.Marc n’aliène pas pour autant ce contexte, puisqu’il est  question d’immolation ( inconcevable sans agneau) et du chant typique qui a précédé le départ pour le mont des oliviers.

Aucun des narrateurs ne s’est soucié de décrire la Pâque en elle-même, CEREMONIE devenue obsolète quand ils ont écrit.

L’agneau pascal était le plat principal du REPAS de la CEREMONIE préparée par les disciples, mais l’ancienne Pâque ne fait pas l’objet d’un mémorial pour l’Eglise; elle n’a pas été rejetée après avoir été consommée mais la supériorité de la nouvelle pâque, l’Agneau de Dieu dont les Chrétiens doivent manger spirituellement le corps sacrifié avant de boire son sang, fait tomber la précédente dans l’oubli.

Le vendredi saint, les notables juifs ne sont pas entrés dans le prétoire « pour ne pas se souiller et pouvoir manger la Pâque. » (Jn 18/28)

L’agneau rôti devait donc être mangé le soir de ce vendredi, d’après le calendrier juif de l’époque.

N’est-ce pas le Messie d’Israël qui a mangé l’agneau rôti à la date légale cette année là, en désaccord avec la date fixée par les grands prêtres ?

 Maître de cérémonie du mémorial ancestral de la sortie d’Egypte de son Peuple, le Christ a institué son propre mémorial dans le cadre du Séder     traditionnel préparé par ses disciples, et non pas en parallèle.

 Le déroulement de la Pâque a été interrompu une première fois, pour produire et manger le corps du Christ livré en pâture le lendemain, et une seconde fois pour produire et boire son sang versé tout au long de sa Passion.

Le sang du Christ n’était pas déjà produit  quand la coupe qu’il saisirait était encore la troisième coupe de la Pâque.

 « L’Eucharistie »  a été instituée par le Christ Prêtre en sorte que le corps et le sang de la victime qu’il devait être en Personne soient séparés dans le nouveau rituel qu’il instaurait pour annoncer sa MORT sacrificielle aux générations futures.

S.Paul avait donc RAISON, dans son récit « reçu du Seigneur » : Jésus a ordonné : «  Faites ceci en mémoire de moi »  deux fois espacées dans la nuit où il fut livré, une fois pendant le repas de la Pâque, relativement à son corps, et une fois après ce repas, relativement à son sang. ( cf. 1 Coch.11 v.23 à 25)

S.Jean a préféré relater le lavement des pieds et l’épisode de la bouchée trempée, marquant respectivement l’humilité du Fils de l’Homme et son obéissance au dessein de Dieu, obéissance manifestée par le fait qu’il a donné à Judas le pouvoir de le livrer afin que ce dessein s’accomplisse.

 En définitive, le mémorial du Christ par son corps puis son mémorial par son sang figuraient ensemble (comme formaient un ensemble les plats et les coupes dans l’ancien mémorial) le bilan du sacrifice de la croix et non pas le sacrifice de la croix en cours d’accomplissement.

Il n’y a qu’un seul Christ mais deux rappels de ce qu’il a fait pour nous sur la croix .

Le Séder était le mémorial de la libération des Hébreux de la férule de Pharaon; l’antitype de ce Séder aboli est le Repas du Seigneur, mémorial de la libération des enfants de Dieu de la férule de leur ennemi par la MORT du Fils de Dieu.

 La fraction du pain avait ouvert aux Apôtres le champ de la « mémoire » du Christ.

Primordiale ( en tête) de leur vivant, la fraction du pain appelait un partage immédiat ; elle n’avait pas encore cédé la place à la liturgie de la Didachè qui a favorisé un concours d’anachronismes en prescrivant de bénir d’abord la coupe.

C’est à ce niveau que se situent les erreurs problématiques, non point de la part des auteurs inspirés.

 

Le PROTOTYPE de tout sacrifice eucharistique, ordonné tel quel au renouvellement, était divisé en deux oblations et, par conséquent, ne préfigurait pas le sacrifice indivisible du vivant de la victime qui ne s’offrait pas par éléments, mais son BILAN à la mort de la victime dont les éléments seraient propitiatoires :

Son corps sans vie pendu au bois de la croix et son sang virtuellement recueilli dans la coupe depuis le début de son effusion.

Le récit de S.Paul, le premier des quatre et le plus sûr de par sa source

( «  reçu du SEIGNEUR » ) divise objectivement les oblations du sacrifice perpétuel dont la victime est théoriquement morte.

C’est pourquoi la Cène présentait les caractéristiques du repas de deuil dont le Prophète Jérémie avait évoqué la tradition ( cf. Jer 16/7); c’est pourquoi il fallait la reproduire EN SA MEMOIRE ( «  Faites cela en ma mémoire »  est la traduction littérale respectée par S.Jérôme; « in meam memoriam »  est devenu  « in memoriam mei » dans la liturgie).

                   Le Christ opérait symboliquement, en deux temps et à la manière de Melchisédek ( figure de la victoire depuis Abraham), avec du pain et du vin, le sacrifice de la victime expiatoire qu’il devait être jusqu’à son retour  pour ses disciples qui annonceraient sa mort, comme il l’avait fait lui-même, dans le cadre d’une cérémonie de communion à son corps donné, livré à l’abattoir comme celui d’un agneau, et à son sang versé, impitoyablement répandu par ses bourreaux, aveuglés au point de s’acharner sur son cadavre figé par la mort, qui le tiendrait dans ses filets mais ne pourrait pas le corrompre.

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